Mise à jour : le 19/09/25
Site réalisé : T.Lamarque
Contenu : T.Lamarque,
Photos : T.Lamarque, V.Mercier, S.Maiffret
Vidéos : T.Lamarque, S.Maiffret
Infographie : Google Earth
Le réseau se sépare en 2 parties, haute et basse
Nous stoppons la progression dans ce large tunnel
Le réseau amont en direction du volcan Corona
Tunnel de Lave (Tube à lave)
Les tunnels de lave sont des grottes créées par des roches volcaniques, principalement basaltiques, et ressemblent beaucoup à nos grottes calcaires. Ils se trouvent généralement près des volcans effusifs, où la lave est pauvre en silice et très fluide. Il existe deux types de laves basaltiques : pahoehoe, signifiant « lisse et doux » en hawaïen, et ‘a’a, signifiant « rocailleux et brûlant » en hawaïen. Les tunnels de lave sont principalement formés par des laves basaltiques de type pahoehoe.
Les coulées de lave s’écoulent du volcan, suivant le relief qui leur convient le mieux, souvent formant une rivière de lave bien canalisée. En surface, la lave se refroidit au contact de l’air, créant une croûte solide, parfois tubulaire, tandis que la lave en fusion continue de s’écouler à l’intérieur. Lorsque l’éruption s’arrête, la lave fluide se retire, formant un réseau de galeries souterraines appelées tunnels de lave. Ces tunnels deviennent accessibles une fois les parois refroidies, surtout si une lucarne se forme lors de l’effondrement du toit du conduit. Ils peuvent s’étendre sur des dizaines de kilomètres et sont abondants à Hawaii, aux îles Canaries, à La Réunion, aux Açores et en Islande. Nous avons eu la chance de les visiter en Islande et sur l’île de Lanzarote.
Sur ces photos, on voit bien la formation d’un contour solide telle une carapace.
En octobre 2016, nous avons exploré trois tunnels de lave lors d’une expédition à Lanzarote. Les deux premiers font partie du célèbre réseau volcanique touristique et terrestre de « Los Verdes - Jameos del Agua », qui s’étend du volcan Corona jusqu’à l’océan sur plus de 6 km. Il continue ensuite sous la mer sur 1,5 km, connu localement sous le nom de « tunnel de l’Atlantide ». Ce tunnel est unique et le plus long découvert à ce jour. Cette vaste excavation volcanique s’est formée lors de la dernière éruption du volcan de la Corona, ou Montaña Corona, il y a 3000 ans.
Malheureusement, nous n’avons pas eu le temps de visiter les deux grottes touristiques, la cueva de los Verdes et le site aménagé Jameos del Agua, où se trouvent les minuscules crustacés aveugles et endémiques, les Munidopsis polymorpha.
Entrée de la cueva de Paloma
Cavité d’effondrement proche de la cueva de los Verdes
Le volcan Corona
Lanzarote
Lucarne amont et lucarne aval de la cueva de Paloma
Par endroits le toit du tunnel de lave s’est effondré, laissant apparaitre une multitude d’entrée dite «lucarne» dans le réseau basaltique. Sur google Earth, on peut retracer le cheminement de la lave canalisée lors de l’éruption du volcan il y a 3000 ans.
Grâce aux photos aériennes, nous avons identifié plusieurs cavités d’effondrement entre la cueva de los Verdes et le volcan de la Corona. Ces affaissements pourraient être des entrées potentielles dans la partie libre du réseau souterrain volcanique. Nous avons donc exploré la « cueva de la Paloma », comme elle est nommée sur Google Maps, située à 2 km en amont de la cueva de los Verdes. C’est une immense lucarne d’effondrement qui mène à deux réseaux : l’un en amont, vers le volcan, et l’autre en aval, vers los Verdes.
Les deux impressionnants porches des tunnels amont et aval s’élèvent à 50 mètres de hauteur. Nous avons exploré le réseau amont sur près d’un kilomètre. Il s’agit d’une large galerie d’environ trente mètres de diamètre, parsemée de blocs gigantesques et d’amas d’éboulis qui obstruent souvent le passage. Un fort courant d’air nous guide tout au long du chemin. Le parcours est bordé d’une large banquette, parfois surdimensionnée, qui illustre les différentes phases de formation de ce tunnel volcanique. Pressés par le temps, nous avons dû nous arrêter après un kilomètre dans un large et profond couloir mi-teinté de blanc, où le courant d’air reste omniprésent et la galerie est très spacieuse (15 à 20 m). Malheureusement, nous n’avons pas eu le temps d’explorer le réseau aval, qui semble tout aussi fascinant et impressionnant.
Tube proche de l’entrée
Rapidement, nous avons exploré une autre cavité, repérée la veille sur Google, près de la cueva de los Verdes. Son nom est inconnu. L’entrée est un puits d’effondrement, sécurisé par une porte fermée et un épais grillage, à travers lequel nous avons réussi à nous faufiler. Une échelle fixe d’environ dix mètres nous a permis d’atteindre un réseau de taille moyenne (5 à 10 mètres). En quelques minutes, nous sommes arrivés dans une belle galerie tubulaire semi-noyée de 4 mètres. En raison du manque de temps et d’équipement, nous n’avons pas poursuivi l’exploration. C’est peut-être un départ qui mène au célèbre tunnel de l’Atlantide..
À droite la banquette basaltique
Par endroit, il faut retrouver le chemin
Les galeries sont impressionnantes
Banquette basaltique
l’entrée de la cavité est protégé par un grillage
Rocher basaltique comportant des stries
Serais-ce le fameux tunnel de l’Atlantide ?
Le troisième tube de lave, connu sous le nom de « Cueva de los Naturalistas » ou grotte des Pigeons de Masdache, s’est formé lors de la phase finale de l’éruption du volcan Timanfaya entre 1730 et 1736. La lave est de type pahoehoe. Au centre, deux tunnels anastomosés sont séparés par un immense pilier et quelques formations spéléothémiques en basalte coulé, semblables à des stalagmites, mais non en calcaire. La grotte est traversable grâce à deux lucarnes distantes d’environ 500 mètres. On y trouve des corniches et des terrasses, et après avoir emprunté un passage étroit, on découvre une petite salle parsemée de stalactites basaltiques figées lors de l’écoulement de la lave.
Ci-dessous la seconde Lucarne du tube à lave basaltique de la cueva de los Naturalistas
Les galeries sont de belles dimensions (5 à 10 m)
Quelques spéléothèmes, notamment une salle tapissée de stalactite basaltique
Ci-dessus la première Lucarne du réseau basaltique
En octobre 2015, lors de notre voyage en Islande, nous avons exploré une petite section d’un tunnel de lave. Contrairement à Lanzarote, où les cavités volcaniques sont accessibles gratuitement, en Islande, tout est commercialisé. Une visite guidée de trois heures coûte environ 80 euros. Après quelques recherches sur Google Earth, nous avons trouvé un tube de lave sur la péninsule de Reykjanes : la grotte basaltique de Leidarendi. Située dans le champ de lave de Stora-Bollahraun, datant de 2000 ans, elle a été découverte en 1992. Le nom Leiðarendi, qui signifie en islandais « la fin du voyage », provient d’une carcasse de mouton trouvée au fond de la cavité. La grotte s’étend sur un peu moins d’un kilomètre.
La belle lucarne de la grotte de Leidarendi
Très motivés, nous arrivons sur place et découvrons plusieurs bus stationnés près de la grotte. C’est un lieu prisé par les professionnels islandais, et l’enjeu économique semble important. En pénétrant dans la cavité, nous rencontrons après 10 minutes un groupe qui revient du fond. Un guide nous réprimande, et nous avons du mal à lui expliquer que nous sommes des spéléologues. Nous continuons notre progression et sommes arrêtés par un autre guide. Après un échange de politesses, je lui dit : « I don’t understand what you say », et nous laisse passer. Nous avançons un peu plus loin et rencontrons encore un autre groupe. C’est une véritable autoroute touristique, alors nous décidons de rebrousser chemin.
Au cours de cette courte visite, nous avons admiré de magnifiques spéléothèmes, tels que des stalactites et stalagmites basaltiques, formés par les éclaboussures de lave pâteuse lors du refroidissement. Dans la première section du réseau, on découvre des couleurs inattendues, notamment un rouge vif, probablement dû à une lave cuite à haute température. Tout au long du tunnel, on observe également de petites banquettes et parfois des planchers suspendus, qui témoignent des variations du niveau de l’écoulement de la lave lors de la vidange finale.
Stalagmite basaltique grotte de Leidarendi
Le tube d’entrée aux couleurs vives rouges
Stalactite basaltique grotte de Leidarendi
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