Chauve-souris et Spéléologie
qu’en est-il ?
De nombreuses grottes du Var revêtent une importance chiroptérologique majeure, servant de gîtes occasionnels pour les chauves-souris (CS), dont plusieurs espèces sont protégées par l’Annexe II de la Directive « Habitat Faune Flore ».
Afin de préserver l’environnement souterrain, certaines grottes sont désormais fermées, même aux spéléologues fédérés et professionnels.
La plupart de ces fermetures sont annuelles et ont été décidées dans les années 2010 sans consultation ni concertation préalable avec la Fédération Française de Spéléologie (FFS).
Parmi les cavités concernées par des arrêtés communaux de fermeture ou APPB (arrêté préfectoral de protection de Biotope) figurent :
- Baume l’église, fermeture annuelle
- la grotte d’Artigue, fermeture annuelle
- la grotte aux Chauves-Souris (APPB 15/10/2009), fermeture annuelle
- la grotte aux Peintures (APPB 09/06/2011), fermeture annuelle
- l’Avenc de Montauroux (APPB 09/06/2011), fermeture annuelle
- la grotte au Guano (APPB 25/07/2014), fermeture annuelle
et dernièrement la grotte de Truébis (APPB 25/03/2022). Fermeture partielle du 15 avril au 15 octobre.
Mise à jour : 18/10/2025
Site réalisé : T.Lamarque
Contenu : T.Lamarque, V.Mercier
Photos : L.Mercier, P.Maurel
Vidéos : T.Lamarque, V.Mercier
Infographie : Pierre Milési
Plusieurs projets de fermeture sont à nouveau envisagés, notamment pour les grottes marines du Blé et de Dramont, la grotte de Rato-penado et en ce moment la grotte de Combrière (projet d’APB en cours d’étude).
Ces projets s’ajoutent aux interdictions déjà en vigueur sur certaines cavités pédagogiques des Bouches-du-Rhône (L’Adaouste, la Loubière, Grotte des espagnols, grotte des ratopenados…)
Nous sommes profondément attachés à la protection de l’environnement, en particulier du monde souterrain, et nous soutenons les mesures de protection appropriées et dites « de bon sens » face à des menaces avérées.
Nous soutenons les initiatives de protection et de recherche sur les chauves-souris, et n’avons jamais contesté la mise en place de mesures de protection pour leurs sites d’hibernation ou de reproduction.
Cependant, notre activité est de plus en plus affectée par la diminution du nombre de cavités pédagogiques disponibles. Cela complique la planification des activités pendant les périodes de transit des chauves-souris, lorsque ces grottes ne sont pas utilisées.
Une cavité pédagogique désigne une grotte facilement accessible et sécurisée, permettant l’initiation à l’environnement souterrain et le développement d’activités éducatives spécifiques (hydrologie, géologie, karstologie, biospéléologie etc…).
Le Var est actuellement reconnu comme un leader en éducation à l’environnement karstique, aux côtés des Bouches-du-Rhône et des Alpes-Maritimes. Le projet «Eaux Souterraines», qui implique environ trente collèges dans ces trois départements, en est un exemple.
D’autres initiatives actives incluent les classes d’eau de la Maison Régionale de l’Eau (Gapeau, Verdon, Durance, Argens, Reppe, Huveaune, Issole) à l’École du Parc (Parc Régional de la Sainte-Baume) et les projets Risques Inondations Argens du département 83.
Chaque année, nous organisons environ trente sorties dans les grottes du Var pour des collégiens, lycéens et écoliers.
La découverte du milieu souterrain sert de support à l’étude de l’environnement, des sciences et des mathématiques, ainsi qu’à l’apprentissage de la citoyenneté. Cette activité pluridisciplinaire est proposée aux établissements scolaires, universitaires, CVL, structures associatives, centres sociaux et au grand public.
En 32 ans, nous avons sensibilisé plus de 200 000 personnes (jeunes et grand public) à la découverte du monde souterrain dans le seul département du Var.
Cette succession de fermetures accentue la pression sur le nombre restreint de sites pédagogiques subsistants, qui accueillent désormais l’ensemble du haut Var et de la région marseillaise dans l’aire toulonnaise. La fermeture annoncée de Combrière entraînerait également une fréquentation accrue provenant de l’est du Var.
Nous exprimons ainsi nos préoccupations quant à la pérennité de nos métiers, à l’avenir incertain de notre activité fédérale et au maintien des projets éducatifs spéléologiques destinés aux jeunes varois.
L’association SPÉLÉ-H2O se consacre aujourd’hui à la valorisation des grottes en mettant en œuvre une stratégie de développement pédagogique durable.
Cette stratégie vise à renforcer la sauvegarde de notre environnement par une gestion concertée, comprenant un accès raisonné et encadré, la préservation des sites sensibles tout en permettant des ouvertures ponctuelles au public, la valorisation de ces lieux d’exception in situ et ex situ, et l’amélioration des connaissances scientifiques.
SPÉLÉ-H2O poursuit également sa mission de faire découvrir le monde souterrain in situ aux scolaires et au grand public. Pour garantir un accès libre et raisonné (hors menaces avérées), l’association privilégie les panneaux de sensibilisation et d’information, qui expliquent la fragilité du monde souterrain.
SPÉLÉ-H2O privilégie l’accompagnement scientifique par des spéléologues fédérés ou professionnels. Cette collaboration favorise des échanges constructifs entre spéléologues et chiroptérologues, permettant à chacun d’enrichir ses connaissances grâce à l’expertise de l’autre. Plusieurs accompagnements à visée scientifique ont déjà été réalisés, apportant un bénéfice notable aux deux parties.
Enfin, SPÉLÉ-H2O encourage le développement d’études à long terme et y participe activement par des suivis en sortie de gîte, des observations donnant suite à des échanges et des réunions. Ces réunions permettent de discuter ensemble de l’avenir et de la protection des grottes dites « sensibles ».
Un exemple de grotte avec une gestion concertée : TRUÉBIS
Un exemple de grotte avec un accès libre et raisonné : FOUX D’ÉVENOS
Un exemple de grotte étudié par les spéléologues (CDS83 et H2O) : GROTTE DU BLÉ
Nos propositions pour l’avenir :
- Rappeler que les spéléologues, qu’ils soient fédérés ou professionnels, respectent des chartes de bonnes pratiques lors de rencontres imprévues avec les chauves-souris.
- Rééquilibrer les tensions dans les grottes pédagogiques en autorisant temporairement l’accès à certaines grottes du Haut-Var et de la Siagne (Baume l’Église, Artigues, grotte aux peintures).
- S’abstenir de fermer des grottes sans étude rigoureuse et justifiée.
- Mener des concertations impartiales entre tous les usagers et acteurs du monde souterrain, sous la direction d’une entreprise de médiation indépendante (ni spéléologue, ni naturaliste).
- Poursuivre les études sur le monde souterrain et les chauves-souris en collaboration avec les naturalistes, et réciproquement.
